Quelle déception pour un jardinier soucieux de la santé et du bon développement des plantes de ses jardins de découvrir les dégâts provoqués par le passage des Scarabées japonais.

Cet insecte est considéré comme un ravageur important et il n’existe pas encore de moyens d’éradication totalement efficaces. Sous sa forme adulte, il s’attaque au feuillage, aux fleurs, aux fruits mûrs, aux légumes du potager et aux céréales des grandes cultures. Sous sa forme larvaire (vers blancs), il peut ruiner la surface gazonnée des résidences privées, des parcs, des terrains de golf et des cultures plein-champ comme la production du gazon en plaques. Le Scarabée japonais est responsable de pertes financières considérables dans plusieurs secteurs de notre économie.

Afin de limiter les dommages qu’ils occasionnent, il est essentiel d’être proactif et de bien connaître ses comportements et ses habitudes.

Présentation de l’insecte

Le scarabée japonais (Popillia japonica) est un beau coléoptère de couleur vert métallique et bronze. Il arbore des touffettes de poils blancs de chaque côté de son l’abdomen. Sa larve est blanche avec une petite tête brun-roux et, tout comme pour la larve du hanneton européen, elle adopte la forme d’un « C » lorsqu’on la dérange.

Distribution du Scarabée japonais

Le scarabée japonais est originaire, comme son nom l’indique, du Japon. Il a été introduit accidentellement aux États-Unis il y a un peu plus de 100 ans. Quelque 20 ans plus tard, toujours accidentellement, l’insecte débarquait en Nouvelle-Écosse.

Aujourd’hui, cet insecte est présent dans plus du ¾ des états américains. Au Canada, sa présence est confirmée sur tout le territoire. Cependant, c’est surtout l’est du pays, soit de l’Ontario jusqu’aux Maritimes, que les invasions sont les plus importantes et que les pertes financières sont les plus élevées.

Le culte du gazon

Au Japon, cet insecte n’est pas considéré comme étant nuisible. Comment expliquer qu’ici la présence du scarabée japonais occasionne une telle destruction ? Plusieurs raisons l’expliquent, mais la principale est notre culte du gazon. Nos pelouses font partie de la grande famille des graminées (Poaceae) et leurs racines représentent un festin 5 étoiles pour les larves du scarabée japonais.

Si vous connaissez et aimez les jardins japonais, vous aurez remarqué que, contrairement à nos jardins, les surfaces gazonnées sont quasiment absentes. L’eau, les mousses vertes et le minéral remplacent artistiquement les pelouses.

Couleurs rouge et orangé

Une autre raison majeure à considérer explique leur expansion rapide sur notre continent. À son stade d’adulte, le scarabée japonais n’a aucun prédateur. Pourquoi ? Dans la nature, tout insecte de couleur rouge ou orange envoie le signal suivant : attention, danger poison.

Si l’insecte est bénéfique comme l’est notre coccinelle, la couleur rouge orangé la protège et lui permet de dévorer les pucerons de nos jardins. Mais, lorsqu’il s’agit d’insectes ravageurs comme le scarabée japonais ou encore le criocère du lys, autre insecte asiatique introduit, leur couleur est un puissant avertissement. Oiseaux, grenouilles, couleuvres et autres prédateurs évitent de s’en nourrir.

Les larves — vers blancs

Heureusement, les larves (vers blancs) du scarabée japonais sont comestibles. Elles sont recherchées principalement par les oiseaux, les mouffettes et les ratons laveurs. Il est certain qu’une mouffette occasionnera des dégâts en labourant systématiquement la surface du gazon. Les dommages qu’elle y fera seront d’autant plus importants que la population de larves est élevée. De plus, la mouffette étant active la nuit, elle peut se gaver en toute tranquillité.

Durée du cycle de vie

Le cycle de vie du scarabée japonais est d’un an. La plus grande partie de sa vie se passe sous terre. Pour une période approchant les 11 mois, les larves vivent dans le sol et dévorent principalement les racines des pelouses, mais aussi celles d’autres végétaux. Heureusement, elles cessent de se nourrir durant les mois d’hiver.

Une fois leur forme adulte atteinte, les scarabées japonais émergeront du sol fin juin, début juillet. Ils seront actifs entre 6 à 8 semaines et réussiront à s’attaquer à un très grand nombre de plantes. Ils s’en prennent à plus de 300 espèces différentes.

Floraison de l’Hydrangée paniculée

Le début de la floraison des hydrangées paniculées (Hydrangea paniculata) en juillet pourrait devenir votre point de repère pour commencer une inspection minutieuse et régulière de votre terrain. Les scarabées japonais sont particulièrement grégaires et ils se regroupent à plusieurs sur une même plante. Cette façon de faire vous permet de les repérer assez rapidement.

Le facteur température

Dès que la température atteint 21 °C et que l’humidité relative est autour de 60 %, les scarabées japonais deviennent très actifs. Ils préfèrent se nourrir dans les zones ensoleillées. Le groupe commence tout d’abord à dévorer le sommet des plantes et progressivement ils descendent vers la base. Ils s’attaquent aux arbres, aux arbustes, aux fruitiers (feuillage et fruits), aux fleurs et à leurs boutons de même qu’aux légumes du potager. Les scarabées japonais sont polyphages.

Trouvant son énergie lorsqu’il s’expose à la chaleur du soleil, l’insecte diminuera son activité si le ciel est nuageux ou encore si la journée est venteuse. Durant les journées pluvieuses, il cessera complètement de se nourrir.

Accouplement et pontes

C’est autour du 20 juillet que commence la période d’accouplement des scarabées japonais. Les femelles choisissent une plante hôte et, dégageant leurs puissantes phéromones, elles attirent les mâles qui s’empressent de les rejoindre. Commence alors les nombreux accouplements qu’ils associent à leur grand buffet de plantes.

La femelle pourra pondre jusqu’à une soixante d’œufs. Malheureusement, elle ne pond que 3 à 4 œufs à la fois. L’accouplement terminé, elle se laisse tomber sur le sol pour pondre et enfouir ses œufs dans la terre. Elle remonte ensuite pour trouver de nouveaux partenaires. Les œufs vont éclore environ 2 semaines après l’enfouissement. Aussitôt écloses, les larves commencent à se nourrir des racines se trouvant à leur portée.

La relève

La période d’accouplements terminée, les mâles meurent et les femelles mourront après leur dernière ponte. Quant aux larves, elles continueront de s’engraisser jusqu’à tard en automne. Elles descendront ensuite jusqu’à une profondeur d’environ 35 cm pour y passer l’hiver.

Au printemps suivant, elles remonteront en surface en suivant le dégel du sol et recommenceront à se nourrir de racines. Elles complèteront leurs métamorphoses pour finalement émerger en tant qu’adultes vers le début du mois de juillet. Les scarabées japonais engendrent une seule génération par année.

Être proactif

Il est possible de contrôler la population du scarabée japonais et du même coup de limiter les dégâts qu’ils occasionnent sur nos terrains.

Les adultes

Procédez à une cueillette manuelle

Procédez à une cueillette manuelle en faisant tomber les scarabées dans un bol d’eau savonneuse. Agissez tôt le matin alors que l’insecte encore engourdi de sa nuit et par la rosée ne cherchera pas à s’envoler. Vous pouvez également utiliser un petit aspirateur, mais en vous assurant de vous débarrasser du sac de façon sécuritaire.

Vaporisez un savon insecticide

Vaporisez un savon insecticide certifié biologique. Il est important de faire votre traitement tôt le matin, avant la sortie des abeilles. Même si votre produit est biologique, il n’en reste pas moins que c’est un insecticide et qu’il peut être mortel pour une grande quantité d’insectes.

Application d’huile de Neem.

Faire une application d’huile de Neem. Cette huile insecticide est extraite des noyaux du fruit d’un arbre : le margousier (Azadirachta indica). Elle agit en paralysant le système digestif de l’insecte l’empêchant de se nourrir. L’huile agit également en bloquant le système reproducteur. Cependant, comme vous travaillez avec un insecticide, ne faites vos applications que localement et tôt le matin afin de ne pas éliminer les papillons et les insectes pollinisateurs. L’huile n’agit pas dans l’immédiat. L’insecte mettra 2 ou 3 jours avant de mourir.

Piège à phéromones.

Le piège à phéromones est très efficace. Cependant, votre piège doit être fixé loin de vos plantes préférées puisqu’il attirera une bonne quantité de scarabées japonais. Si vous possédez des conifères (sapin, épinette, mélèze, genévrier et autres) accrochez votre piège à proximité. Le scarabée ignore ces types d’arbres et d’arbustes. Changez vos sacs dès qu’ils sont pleins.

L’attrait des couleurs.

Il est maintenant démontré que le scarabée japonais est principalement attiré par le blanc, mais aussi le jaune. Éviter de planter des rosiers fleurissant dans ces couleurs.

Le stress des végétaux.

Une plante dont le feuillage a été entièrement dévoré se remettra de ce stress en produisant de nouvelles feuilles. Cependant, une défoliation à répétition l’affaiblira et elle perdra de sa résistance. Si vous constatez un acharnement des scarabées japonais sur une ou quelques-unes de vos plantes, pensez à les remplacer.

Truc intéressant.

Un truc que j’ai donné à plusieurs clients et qui fonctionne très bien. Le scarabée japonais est attiré par les géraniums, mais les feuilles sont toxiques pour lui. Dans une grosse urne, faites un arrangement floral avec comme plante dominante des géraniums à fleurs blanches. Installez votre contenant dans un endroit stratégique pour qu’il serve d’appât et loin de vos plantes préférées. Il attirera un très grand nombre de scarabées et une visite matinale vous permettra d’en éliminer un très grand nombre. Fermez les yeux sur l’apparence que prendra votre arrangement floral, car il se fera grignoter de tous les côtés. Toutefois, vous aurez la satisfaction de marquer des points.

À noter :

Si vous apercevez un scarabée japonais portant un ou plusieurs points blancs sur son thorax, n’y touchez pas. Ce scarabée a été parasité et il sera mort avant d’avoir pu pondre. Sa fin n’est reportée que de quelques jours. Il y a quelques années, deux insectes prédateurs du scarabée japonais ont été importés du Japon pour être introduits aux États-Unis. Comme ces deux insectes suivent les populations de scarabées, ils ont récemment traversé la frontière et ils commencent à se répandre au Canada. En épargnant les scarabées parasités de la cueillette manuelle ou des insecticides, vous contribuerez à entretenir la population de ces deux insectes bénéfiques tout en leur permettant de continuer à se répandre.

Istocheta aldrichi. Photo Nicholas Soucy,  inaturalist.ca

Les larves – vers blancs

La coupe du gazon.

Dès le mois de juillet, maintenez votre gazon à une hauteur de 10 cm. Les femelles recherchent les pelouses tondues très court. Ce geste vous permettra également de diminuer la présence d’autres prédateurs comme la punaise, la pyrale, le taupin. Autre effet positif, un gazon long souffre moins de la canicule. La longueur des brins d’herbe fournit de l’ombre au système racinaire.

Les nématodes.

Les traitements avec des nématodes, prédateurs naturels des vers blancs, sont très efficaces. Le traitement doit être fait à quelques reprises durant la saison estivale. Ce qui est important est de conserver les nématodes au réfrigérateur afin de les maintenir vivants jusqu’au moment où vous serez prêt à faire votre traitement. L’application est simple : les nématodes sont mélangés à votre eau d’arrosage.

Le BT – bactéries naturelles.

Il existe un autre produit naturel à base de BT. Cette bactérie s’attaquera aux différents vers blancs détruisant votre gazon. Comme pour les nématodes, vous aurez 3 applications à faire durant la saison estivale et vous utiliserez un épandeur.

Réduction de l’éclairage extérieur.

En soirée, réduisez l’intensité de l’éclairage de votre terrain. La lumière attire une foule d’insectes, dont ceux prêts à pondre sur votre terrain et dans votre pelouse.

Conclusion

Limiter les dégâts de ce prédateur vorace est possible. En connaissant les comportements du scarabée japonais et en utilisant les moyens connus et respectueux de l’environnement, vous réduirez substantiellement les dommages dans vos différents jardins.

Jardiner en couleurs vous souhaite le meilleur des résultats !

Bon jardinage!

Photo en-tête : Joseph Berger, Bugwood.org