Notre coccinelle versus sa cousine asiatique  

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La coccinelle a longtemps été considérée comme un porte-bonheur, un signe de chance. Juste au Québec on compte 80 espèces indigènes, c’est-à-dire « pure laine ».

C’est en comptant le nombre de taches qui décore son petit dôme que l’on peut préciser l’espèce à laquelle elle appartient. Celle qui nous est la plus familière est de couleur rouge orangé. Cependant, il en existe certaines qui sont marron, noires et même sans points.

Son rôle d’insecte bénéfique

Il faut dire que les coccinelles sont des insectes extrêmement bénéfiques puisqu’ils consomment une importante quantité de ravageurs. Elles protègent les jardins résidentiels, les cultures de légumes, les vergers, les champs de culture. Son mets préféré est de loin le puceron même si elle ne dédaigne pas d’autres insectes à corps mou.

Un autre rôle important qu’elle remplit est celui de pollinisatrice. Si sa nourriture se fait rare, elle consommera du pollen et du nectar. Elle aime le pissenlit, la capucine, la bourrache, la marguerite et bien d’autres. Le pollen, en collant à son dos, sera transporté de fleur en fleur.

Coccinelle dévorant des pucerons – Photo : depositphotos.com

Coccinelle se nourrissant de pollen – Photo : Fabrizio Longo, Flickr

Mieux la connaître

Dans l’univers des insectes, on peut affirmer qu’elle a une bonne longévité. Si les conditions lui sont favorables, elle pourra vivre de 2 à 3 ans. Durant cette période, elle consommera plusieurs milliers d’insectes nuisibles et elle pourra pondre jusqu’à 3 fois durant l’été surtout si la belle saison se prolonge jusqu’à tard en automne.

Elle a aussi à son avantage, sa couleur rouge orangé qui lui permet de rester à l’abri de plusieurs prédateurs. Dans la nature, cette couleur sert d’avertissement aux ennemis et leur signale une toxicité. Elle possède également un autre atout : si elle se sent menacée, elle sécrètera une substance qui lui donnera une mauvaise odeur.

 

Coccinelle occupée à pondre – Photo : lesexplos.com

De l’oeuf à la maturité

La femelle coccinelle, au moment de la ponte, veillera à assurer la survie de ses œufs en allant pondre ses œufs à proximité d’une colonie de pucerons. Lorsque les petites larves écloront, elles se dirigeront immédiatement vers les pucerons pour commencer à se nourrir. Une larve de coccinelle est particulièrement vorace. Elle consomme à longueur de journée et la quantité ingurgitée dépasse celle des adultes. Elle avale des centaines de pucerons chaque jour.

Par ailleurs, cette jeune coccinelle aura à traverser 4 mues avant de prendre sa forme d’adulte : œuf, larve, nymphe et adulte. La dernière mue lui donnera sa forme définitive, mais dans ce moment important, elle ne prendra pas immédiatement son apparence définitive. Elle sera entièrement jaune et ses points de couleur noirs ne seront pas encore visibles. Il se passera quelques heures qui serviront à la sécher et qui permettront à ses ailes encore cachées sous son petit dôme de se défroisser. En durcissant, la carapace changera de couleur puis les points apparaîtront.

 

Jeunes larves prêtes à sortir de l’oeuf – Photo : Stephane Frezouls, fotocommunity.com

Adulte. Séchage. Elle tournera au rouge et les points de couleur noire apparaîtront – Photo : depositphotos.com

Ses principaux ennemis

Parmi ses pires ennemis, il y a un insecte vivant en colonie et qui, lui aussi , convoite les pucerons : la fourmi. Celles-ci ne se nourrissent pas  des pucerons, bien au contraire! Elles les élèvent comme un petit troupeau et en prennent grand soin afin de les protéger de leurs nombreux agresseurs. Quel intérêt y trouvent-elles ? Les pucerons fournissent du miellat aux fourmis. Cette substance est riche en sucre et en acides aminés. Il représente une ressource nutritive importante pour la fourmilière.

À cause de cette concurrence, lorsque la coccinelle s’apprête à pondre ses œufs, elle recherche une colonie de pucerons sans fourmis. Cette recherche lui permet de s’assurer que ses petits pourront se nourrir et vivre. Si la colonie qu’elle a trouvée est aussi repérée par les fourmis, ces dernières s’empresseront de s’y installer et elles dévoreront les œufs et les larves des coccinelles.

Quant aux autres prédateurs pouvant lui nuire, il y a l’araignée, les guêpes parasites et, malheureusement, sa cousine, la coccinelle asiatique.

Fourmi s’apprêtant à dévorer une larve de coccinelle asiatique – Photo : Detroitius, Pixabay

La coccinelle asiatique

Elle fut importée d’Asie par les Américains dans le but louable de mener une lutte biologique contre les différents ravageurs de leurs cultures. On supposait alors que la coccinelle asiatique s’associerait à nos coccinelles « pure laine » pour mener à bien cette lutte. Leurs espoirs furent déçus. En peu d’années, ils durent se rendre à l’évidence qu’elle représentait un véritable danger écologique.

Très prolifique, la coccinelle asiatique pond une quantité effarante d’œufs. Elle peut atteindre 1000 œufs par année alors que les espèces locales atteignent au mieux 400 œufs par année.

À cause de cela, elles ont pu se répandre à la vitesse grand « V ». Il aura fallu moins de 25 ans à la coccinelle asiatique pour passer du statut d’espèce inconnue en Amérique à celui d’espèce envahissante.

Bien sûr qu’elles dévorent les pucerons, mais cela se fait au détriment de nos propres coccinelles qui, étant moins nombreuses et moins rapides, finissent par manquer de nourriture. De plus, on s’est aperçu que cette cousine était très agressive vis-à-vis notre coccinelle. Elle les attaque et fait preuve de cannibalisme en les dévorant.

Comment reconnaît-on une coccinelle asiatique ?

Ce n’est pas évident ! Elles se présentent dans une large gamme de couleurs et de motifs.

Toutefois, malgré cette grande diversité, les adultes ont en commun des marques particulières permettant de confirmer leur provenance.

Ces signes sont situés sur leur pronotum, c’est-à-dire sur la partie située entre la tête et le corps.

Deux des plus fréquents sont :
1) un « M » ou un « W » de couleur noire
2) une patte de chat également noire

Coccinelle asiatique – Le « M » ou « W » bien visible – Photo : jumpstory.com

Coccinelle asiatique et patte de chat – Photo : caaquébec.com

Les jeunes larves asiatiques

Du côté des jeunes larves asiatiques, on retrouve la même forme fuselée mais les couleurs sont plutôt variables quoique semblables à celle de notre coccinelle indigène.

Par contre, ce qui est caractéristique c’est que leur dos est couvert d’aspérités ressemblant à des touffettes.

Larve de coccinelle asiatique. Aspérités bien visibles – Photo : Artyangel, Pixabay

Larve de coccinelle indigène – Photo : reinsteinwoods.org

Rassemblement automnal.

Les coccinelles asiatiques sont mal adaptées à notre climat et elles doivent passer l’hiver dans un abri pour survivre. Elles ont l’habitude de se regrouper en grand nombre (essaim) à l’automne à la recherche de l’endroit idéal. La coccinelle à 7 points, qui elle aussi a été importée, se joint à elles pour les mêmes raisons. Toutefois, cette coccinelle n’a pas la réputation d’être agressive.

Les observations compilées permettent de constater que ces gros essaims se concentrent surtout autour des maisons et des bâtiments aux couleurs claires. On les retrouve également sur les façades exposées au soleil du sud et sud-ouest. Elles se rassemblent sur les murs extérieurs et s’introduisent à l’intérieur des habitations par les fentes et les ouvertures.

À la fin de l’hiver, on peut s’attendre à une nouvelle invasion dans les maisons. Lorsque les coccinelles se réveillent elles quittent leurs cachettes pour aller s’agglutiner aux fenêtres. Leur très grand nombre représente une véritable nuisance pour de nombreux propriétaires.

 

Essaim de coccinelles asiatiques sur une moustiquaire – Photo : femmesdaujourdhui.be

Comment réduire les désagréments

Dans le but de réduire l’irritation qu’elles causent, il est conseillé de faire l’inspection de votre maison en début d’automne et de colmater les ouvertures et les fissures. Réparez les moustiquaires et calfeutrez le cadre des portes et des fenêtres. Laissez vos moustiquaires en place le plus longtemps possible. Couvrez les bouches d’aération et évitez de laisser les portes et fenêtres ouvertes à l’automne.

Et surtout, n’essayez pas de les écraser ! Pour se défendre, elles sécrètent un liquide nauséabond et qui de plus, tache les surfaces et les tissus.

Pour terminer, évitez d’utiliser des pesticides dans la maison. Le seul truc efficace qui jusqu’à présent s’avère efficace est l’aspirateur. Placez un bas nylon sur l’embout et faites votre cueillette. Les spécialistes conseillent toutefois de mettre cette récolte au congélateur jusqu’à ce qu’elles soient toutes mortes. Pourquoi est-il préférable de ne pas les relâcher ? Il est maintenant prouvé qu’elles ont tendance à revenir sur leur lieu de rendez-vous attirées par les phéromones qu’elles y ont déposées.

Une autre manifestation désolante prend de l’importance. Au fil des années, on a dû se rendre à l’évidence que de nombreuse personnes souffrent d’allergies sévères lorsque les coccinelles asiatiques se rassemblent. L’allergène a été identifié comme étant l’accumulation de déjections laissées sur les différentes surfaces où elles se regroupent.

 

Coccinelle. Litière d’automne pour l’hivernation – jumpstory.com

L’automne et notre coccinelle « pure laine »

En ce qui concerne nos coccinelles « pure laine », elles se regroupent aussi, mais sans former d’essaims. Elles ont toujours su passer l’hiver dehors en se dissimulant dans les fissures, sous des débris de feuilles et autres cachettes. Elles y hivernent et se réveillent au printemps.

Avant l’arrivée des coccinelles asiatiques, je me souviens qu’à chaque printemps nous pouvions en voir quelques-unes dans la maison. Elles arpentaient les rebords des fenêtres à la recherche d’une porte de sortie vers l’extérieur. Leur présence était presque accidentelle et elles ne causaient aucun ennui. Elles annonçaient la fin de l’hiver. Mais, malheureusement, nous n’en sommes plus là !

Il semble impossible de trancher

À ce jour, il paraît difficile de déterminer si la coccinelle asiatique est plus un ravageur nuisible qu’un collaborateur bénéfique cela même si la liste des constats désolants est longue.

Comme on pouvait s’y attendre, plusieurs équipes de chercheurs ont observé une chute importante de nos populations de coccinelles locales. Les espèces à 2 points, celles à 9 points et celles à bandes transversales n’ont plus été vues depuis plusieurs années. Elles apparaissent maintenant dans le registre des espèces menacées, en voie de disparition.

Malgré ce constat, n’oublions pas de prendre en considération d’autres facteurs importants qui interviennent également dans le déclin important de nos insectes bénéfiques. Il y a l’utilisation des pesticides, la pratique de la monoculture, la disparition des terres agricoles et la courbe croissante de l’étalement urbain.

Conclusion

Finalement, on peut avancer que la somme des inconvénients provoqués par la coccinelle asiatique n’est pas suffisamment comprise pour forcer une solution. La seule certitude est qu’en ayant conquis tout le territoire nord-américain, il est maintenant impossible de l’éradiquer.

Parce que les coccinelles asiatiques rendent de grands services dans la gestion des ravageurs, il nous faudra trouver un moyen de réduire l’importance des désagréments qu’elles occasionnent. Il est clair qu’il nous faut nous habituer à vivre en sa compagnie.

Une courte vidéo produite par Gembloux Agro-Bio Tech, de l’université de Liège en Belgique, donne des informations intéressantes. Les pays européens sont également aux prises avec les coccinelles asiatiques ayant eux aussi fait son importation.

L’invasion des coccinelles asiatiques, un danger?

https://www.youtube.com/watch?v=pNNspunhxUM

 

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Bon début d’automne!

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