Rien de plus décevant que de découvrir que notre hibiscus est envahi par des « bibittes » ! Il a pourtant envoyé des signaux d’alerte, mais nous ne savons pas toujours les comprendre.
Identifier, éliminer, prévenir.
Au mois de mars, alors que les journées sont plus longues et le soleil plus piquant, on découvre que des insectes indésirables se sont installés. C’est souvent sur les plantes qui ont passé l’été précédent à l’extérieur et dont l’hibiscus fait partie qu’on les découvre.
Que se passe-t-il ? D’où sortent ces insectes ?
Un arrêt de croissance programmé.
Ce phénomène se produit à l’automne et s’appelle diapause. En quelque mots, c’est une forme de programmation des naissances. Le développement de l’insecte s’arrête afin qu’il puisse naître au moment où ses chances de survie sont les meilleures.
La larve, bien à l’abri dans son œuf, s’endort profondément pour l’hiver. Elle reprendra sa croissance au moment ou les jours gagneront en durée. En mars, sa croissance terminée, vous la découvrez dans votre hibiscus.
À savoir : la grande majorité des insecticides n’ont aucun effet sur les œufs. Les larves en diapause sont à l’abri et en sécurité.
Aleurode ou mouche blanche – Photo : growweedeasy.com
Jeunes aleurodes à leur dernier stade de développement et en compagnie d’adultes – Photo : i.pinimg.com
Mouches blanches regroupées sous une feuille – Photo : i.pinimg.com
Les insectes qui adorent l’hibiscus.
1) L’Aleurode ou mouche blanche — identification
C’est un minuscule insecte blanc comme neige se déplaçant en volant. Il vit en groupe et se concentre au sommet de la plante en se cachant sous le feuillage. Il s’envole lorsque vous touchez ou approchez votre hibiscus. Vous découvrirez les adultes et leurs œufs en regardant le revers des feuilles.
Les œufs sont jaune clair s’ils sont récents et bruns si l’ insecte est sur le point d’émerger. Vérifiez également le long de la nervure centrale des feuilles, car les œufs s’y trouvent souvent en grand nombre.
La mouche blanche se nourrit en piquant les nervures des feuilles pour y pomper la sève. Ces brisures multiples des vaisseaux affaiblissent la plante qui a du mal à faire sa photosynthèse. Le feuillage jaunit et la plante perd des feuilles.
À savoir : les hibiscus à fleurs jaunes attirent davantage la mouche blanche que ceux dont les fleurs sont d’une autre couleur.
Miellat accumulé sur les feuilles – Photo : lemoncitrustree.com
Formation de fumagine suite à l’accumulation de miellat – Photo : jardineriapampeana.com
Le miellat et la fumagine
Inspectez également le dessus des feuilles à la recherche de celles qui seraient collantes. En effet, la sève est sucrée et les excréments des insectes finissent par dégoutter sur les feuilles plus basses. Cette substance se nomme miellat.
Le miellat favorise le développement d’un champignon qui formera un dépôt noir sur les feuilles. C’est la fumagine. Elle n’est pas vraiment grave pour la plante si elle ne s’est formée que sur quelques feuilles. Par contre, si elle recouvre l’ensemble du feuillage, la photosynthèse ne peut se faire et la plante dépérira par asphyxie.
Les traitements
Commencez par enlever les feuilles portant le plus d’œufs. La reprise de croissance est amorcée et de nouvelles feuilles apparaîtront pour les remplacer.
La mouche blanche est surtout active le jour. Vos traitements seront plus efficaces en fin de journée au moment où elle est dissimulée sous les feuilles et auprès de ses œufs.
Après vos traitements, si la dimension des feuilles le permet, vous nettoierez le miellat et la fumagine en utilisant un chiffon doux et une dilution savonneuse comme le savon noir ou le savon à vaisselle.
Alterner les produits traitants.
Les insectes développent rapidement une résistance aux produits utilisés. Il est conseillé de les alterner afin de maintenir une bonne efficacité.
Ayez sous la main du savon insecticide biologique, du savon noir, de l’huile de Neem et des pièges collants. Inspectez vos plantes en vous aidant avec une petite loupe. Utilisez un petit pulvérisateur afin d’atteindre les zones plus difficiles d’accès.
Pour un insecticide maison : dans un litre d’eau, ajouter 1 cas (15 ml) le savon noir et 1 cat (5 ml) d’huile canola ou autre. Brassez doucement le mélange afin d’éviter un excès de mousse.
Recette avec l’huile de Neem : mélangez 2 cat (10 ml) d’huile, 1 cat (5 ml) de savon noir dans 250 ml (1 tasse) d’eau. Dès que la préparation est prête à l’emploi, vaporisez directement les feuilles.
Pulvéristeur manuel, buse ajutable – Photo : magazine-greenlife.com
L’huile de Neem
Voici un produit grandement efficace. Il est utilisé en culture biologique et en permaculture. Cette huile est obtenue par pression à froid des graines du margousier.
Le Neem traite un très grand nombre d’insectes. Voici quelques-uns des effets. Agissant sur les œufs, les larves meurent étouffées. L’huile paralyse le tube digestif de l’insecte. Ne pouvant plus s’alimenter, il meurt. L’huile de Neem inhibe l’appareil reproducteur et l’insecte ne peut plus s’accoupler. Parce que ce produit est naturel, vous ne verrez les résultats qu’après quelques jours. Cette huile est biodégradable et ne présente aucune toxicité pour les animaux et les oiseaux.
Règlementation canadienne.
Cependant, au Canada, il est interdit de commercialiser l’huile de Neem comme insecticide. Seule sa valeur cosmétique peut être mise de l’avant, mais le prix sera alors trop élevé.
Comme vous ne le trouverez pas en jardinerie ou dans les commerces ayant un département de plantes, vous pouvez l’acheter en ligne ou encore lorsque vous traversez aux États-Unis.
Pièges collants pour insectes volants
Après vos traitements, installez quelques pièges collants. Si des insectes s’y collent, vous devrez recommencer. Les insectes préférant le sommet des plantes, fixez-les aux branches supérieures.
Pucerons sur bouton floral d’hibiscus – Photo : deviantart.com
Groupe de pucerons verts – Photo : a-z-animals.com
Pucerons noirs prélevant la sève le long de la nervure centrale d’une feuille – Photo : waarneming.nl
2) Les pucerons
Identification
Il y en a de plusieurs couleurs et ce sont les pucerons noirs qui sont les plus tenaces. Ils forment des colonies composées uniquement de femelles. Elles naissent déjà enceintes. Cette particularité aide à comprendre pourquoi une branche sans insecte se retrouve entièrement couverte le lendemain.
Surpeuplement
En peu de temps, il y a surnatalité et les nouvelles générations devront s’installer ailleurs. C’est à ce moment que naîtront quelques mâles et femelles ailées qui s’accoupleront. La rencontre amoureuse terminée, les mâles meurent et les femelles ailées démarrent de nouvelles colonies sur d’autres plantes.
Les traitements
Afin d’utiliser moins de produits traitants, avec des gants en latex, vous pouvez en écraser une grosse partie (eurk !!! pour les plus sensibles d’entre vous) ou passer votre plante sous un jet d’eau. Cependant, ce n’est pas efficace à 100 %.
Dès que la plante est asséchée, commencez les traitements en utilisant les produits mentionnés pour la mouche blanche. Suivez le dosage recommandé afin d’éviter une phytotoxicité chez la plante.
À savoir : les pucerons apparaissent souvent à la suite d’un surdosage de l’engrais ou parce que la formulation est trop azotée. Informez-vous afin d’utiliser l’engrais approprié à vos plantes.
Piqures occasionnées par les tétranyques – Photo : Whitney Cranshaw, invasive.org
Toile tissée à l’extrémité d’une tige de laurier ( Nerium leander) – Photo : sohu.com
Tétranyques rouges – Photo : nwdistrict.ifas.ufl.edu
3) L’araignée rouge ou tétranyque à deux points.
Identification
Disons en commençant que le tétranyque n’est pas une araignée, mais une mite. Son surnom d’araignée rouge est dû à sa capacité à tisser des toiles. Il est presque invisible à l’œil nu. Vous l’apercevrez s’il s’est multiplié au point de former des toiles ou encore parce que quelques fils très fins attirent votre attention.
Autres indices de leur présence
Si vous voyez de nombreux petits points jaunes ou blancs sur les feuilles, passez-les entre vos doigts. Si vous avez l’impression de toucher un papier sablé très fin, votre petite loupe vous confirmera leur présence. Examinez aussi les feuilles plus basses, il peut y avoir du miellat ou de la fumagine.
Les traitements et la prévention
C’est l’insecte qui développe le plus rapidement une résistance aux traitements. Il est très important de varier vos produits.
L’araignée rouge adore l’air chaud et sec de nos maisons. Éloignez vos plantes des différentes sorties d’air chaud et déposez vos pots dans des soucoupes remplies de billes d’argile. Évitez d’installer vos plantes trop près des fenêtres très ensoleillées. Veillez également à ce qu’elles ne manquent pas d’eau.
À savoir : le tétranyque n’aime pas l’eau. En douchant régulièrement le feuillage, vous pourrez éliminer l’insecte s’il y en a très peu. Si votre plante est infestée, les produits mentionnés pour la mouche blanche conviennent.
Cochenille farineuse sur feuille de coleus – Photo : extensionentomology.tamu.edu.com
Cochenilles farineuses. Fumagine bien visible au bas de la feuille – Photo : William M. Ciesla, invasive.org
Cochenilles à carapace – Photo : inaturalist.com
4) Les cochenilles
En premier lieu, j’aimerais vous dire qu’il n’est pas facile de se débarrasser de cet insecte. Si l’infestation est grave, il vaut mieux jeter votre plante.
Identification
Il y a plusieurs types de cochenille, mais celles que vous verrez le plus fréquemment sur l’hibiscus sont la cochenille farineuse et celle à carapace.
Elles aussi vivent en colonie de femelles qui se nourrissent de la sève des plantes. La surpopulation fera naître des mâles ailés qui, suite à l’accouplement, mourront. Les jeunes femelles s’installeront sur les plantes voisines.
Ce qui les distingue c’est qu’elles ne se concentrent pas au sommet de la plante, mais s’installent à la fois sur les feuilles, les branches et le tronc. Il faut traiter toutes les parties de votre hibiscus.
Traitement
À l’aide de Coton-Tige imbibé d’alcool isopropylique à 50 %, délogez ou écrasez toutes celles que vous pouvez atteindre.
Vous pouvez vaporiser l’alcool directement sur les cochenilles, mais comme il risque de brûler les tissus de votre plante, rincez à l’eau claire peu de temps après.
Utilisez l’huile de Neem qui sera très efficace. Respectez le dosage recommandé. Alternez avec vos autres produits. Toutefois, retenez qu’il est difficile d’éliminer la cochenille. Il est fréquent qu’elles réapparaissent alors que l’on croyait avoir gagné la bataille.
Abeille en plein travail de récolte – Photo : unternehmen.kaufland.de
Conclusion :
• Inspectez chacune des plantes que vous achetez et placez-les en quarantaine. Des œufs peuvent éclore une fois à la maison.
• Aucun traitement ne doit se faire sur une plante qui a soif. Arrosez la veille si nécessaire.
• Traitez la plante dans une zone sans soleil.
• Ne donnez aucun engrais durant les traitements. Ceux-ci stimulent la plante, mais aussi les insectes.
• Si votre plante est fleurie, les traitements entraîneront soit la fanaison ou ils laisseront des taches.
• À l’extérieur, il faut être conscient qu’un insecticide ne fait aucune différence entre un insecte bénéfique ou un insecte nuisible
Une plante stressée devient une cible pour les insectes. Elle se défend moins efficacement trop occupée à survivre. Les soins appropriés donnent une plante qui peut résister à ses ennemis.
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Vos conseils à propos des mouches blanches m’ont beaucoup aidée. C’est un problème qui confronte mon hibiscus chaque année lorsque je le rentre pour l’automne et l’hiver. Je trouve les insecticides sur le marché peu efficace. Merci