Dès que l’automne pointe le bout de son nez, les guêpes commencent à nous tourner autour. Elles sont insistantes et vraiment agaçantes. Beaucoup éprouvent une réelle peur, craignant la piqûre et pire, une réaction allergique grave. Que ce soit dans nos promenades, au jardin ou aux terrasses de café, les guêpes provoquent des cris. Il suffit que l’une d’entre elles approche, pour voir les verres se renverser, les chaises basculer, les bras s’agiter et pour assister à une course pour se réfugier plus loin.
Leur présense est davantage remarquée.
Ces dernières années, les différents comptes-rendus sont unanimes, leur nombre est particulièrement élevé. Quelle en est la cause ? Encore une fois, il faut pointer le dérèglement du climat. Ces changements entraînent bien des désastres à travers le monde. Cependant, les chaleurs extrêmes et les périodes de sécheresse favorisent cet insecte en lui donnant la chance de se reproduire davantage. Différents experts ont observé que les nids sont plus gros.
Une rencontre que l’on souhaite éviter à tout prix. – Photo pxfuel.com
Les guêpes qui « posent problème ».
Il en existe environ 4 000 espèces en Amérique du Nord. Au Québec, on en dénombre près d’une vingtaine. La majorité d’entre elles sont solitaires et peu agressives. Mais celles qui nous intéressent particulièrement ici c’est la guêpe sociale c’est-à-dire, celle qui vit en colonie.
Communément appelé « guêpe à papier » ou bien « guêpe jaune » (Vespula vulgaris), c’est la plus répandue et c’est celle qui nous tourne autour à la fin de l’été. Elle est facilement reconnaissable par l’alternance de bandes jaunes et noires. Dans ce groupe et arrivant d’un autre continent, il y a la guêpe germanique (Vespula germanica) qui s’est révélée être la plus agressive de toutes.
Hiérarchie d’un guêpier.
Un « guêpier » est le nom donné à leur nid. Il rassemble moins d’insectes que la ruche avec ses abeilles. Par contre, si l’endroit et les conditions leur sont favorables, certains guêpiers peuvent contenir jusqu’à 5 000 individus.
On y retrouve une reine mère responsable de la ponte des œufs. Elle dispose d’un dard. Il y a des soldats (stériles) munis eux aussi d’un aiguillon servant à attaquer et à éliminer tous les intrus. Enfin, il y a les ouvrières (stériles). Ce sont les plus nombreuses. Elles s’occupent de la reine, du couvain et de la collecte de nourriture. Elles s’emploient également à l’élargissement du nid et à la construction des cellules supplémentaires dans lesquelles la reine mère viendra pondre ses œufs.
Le dard d’une guêpe à papier ou guêpe jaune. – Photo : projetecolo.com
Une guêpe utilisant son dard sur le doigt d’un « courageux ». – Photo : projetecolo.com
Un dard qui fait peur.
Le dard des ouvrières est situé à l’extrémité de leur abdomen et il est utilisé pour injecter du venin dans la peau d’une victime. Lorsqu’elles s’en prennent à un autre insecte, ce venin sert à le paralyser. L’ouvrière peut alors le transporter jusqu’au guêpier afin de nourrir les jeunes larves. Elle peut piquer plus d’une fois et cette blessure est particulièrement douloureuse. Certaines personnes sont allergiques et peuvent développer des réactions graves.
Vers la fin de l’été, la reine mère pondra quelques œufs porteurs des mâles et des femelles fertiles. Ils seront élevés et nourris avec les mêmes soins que les autres larves. Servant uniquement à l’accouplement, le mâle est le seul à ne pas avoir d’aiguillon. Sa vie sera courte puisqu’il mourra après le vol nuptial.
Cycle de vie des guêpes sociales.
Il est intéressant de savoir qu’elles appartiennent à la même famille que le sympathique bourdon, l’abeille et l’agressif frelon.
Leur cycle de vie est de 7 à 8 mois tandis qu’il est d’un an pour les jeunes reines fécondées en fin de l’été. D’ailleurs, elles seront les seules survivantes de la colonie. Dès les premières nuits frôlant le gel, l’entièreté de la colonie meurt rapidement. De leur côté, les jeunes reines partent en quête d’une cachette douillette pour se protéger du froid et pour hiberner (diapause).
Elles émergent aux premières douceurs du printemps et, affamées, elles s’envolent à la recherche du nectar contenu dans les premières fleurs. Par la suite, elles choisissent un endroit bien à l’abri pour commencer la construction du guêpier.
L’emplacement du nid peut être sous l’avancée du toit, au pignon de la maison, dans la remise à jardin, en dessous d’une galerie ou d’un patio, sous un auvent, etc. Nous avons tous un jour découvert un guêpier. Le plus ennuyeux est sans doute celui établi dans le grenier.
Une jeune reine façonnant sont nid. La base a été fixée solidement à son support. Remarquez les oeufs dans les cellules du haut. – Photo : Frank Hornig-wikimwdia.org CC BY-SA 3.0
Un guêpier complété par les ouvrières mais sujet à un agrandissement. – Photo : dnda.ru
Les étapes de construction d’un nid de papier.
Malgré son apparence fragile, le guêpier est un ouvrage résistant qui sera solidement accroché à son support. Pour ce faire, la jeune reine prélève des fibres de bois qu’elle mâchouille et qui, mêlées à sa salive, donnent une pâte à papier. Elle étale cette pâte et bâtit la première cellule. Par la suite, elle en façonne quelques autres qui seront fixées autour de la première de façon à obtenir une construction hexagonale. Finalement, elle déposera un œuf dans chacune d’elles.
Les ouvrières prennent le relais.
Dans un premier temps, le nid reste petit. Pourquoi ? Parce que la reine est seule pour gérer tout le travail. Elle doit se nourrir, chasser les insectes dont sont gavées ses jeunes larves. De plus, aux heures chaudes de la journée, elle doit battre frénétiquement des ailes afin de ventiler et rafraîchir les cellules.
Parvenues au stade adulte, les larves sont maintenant des ouvrières. Elles succèdent aussitôt à la reine mère afin de poursuivre la construction, l’élargissement et la finition extérieure du guêpier. Dès lors, la reine mère ne quittera plus le nid. Sa tâche maintenant est de pondre pour que chacune des nouvelles cellules construites soit occupée.
La guêpe est une prédatrice de nombreux insectes. Les jeunes larves carnivores sont uniquement nourries de protéines. – Photo : nidan pixabay.com
Afin de s’abreuver de nectar, la guêpe contribue à la pollinisation. – Photo : Daria Glodowska-pixabay.com
La résine des conifères a une valeur nutritive et est consommée par les guêpes. – Photo : ecotree.green
Les guêpes sont-elles nuisibles ?
Bien sûr que non ! La crainte de sa piqûre nous fait oublier le rôle important qu’elles tiennent dans nos écosystèmes. Les ouvrières sont d’habiles prédatrices. Elles chassent une grande quantité d’insectes au corps mou : mouches, maringouins, pucerons, fourmis, araignées, sauterelles, chenilles et bien d’autres.
Cette chasse quotidienne sert à nourrir les larves de plus en plus nombreuses. Elles ont un régime composé uniquement de protéines. Ces toutes jeunes guêpes sont carnivores. À la suite de leur copieux repas, elles sécrètent un miellat dont s’alimentent les ouvrières et la reine mère. La diète des adultes ne comprend que des glucoses (sucre).
Comparez le gabarit du bourdon aveccelui de la guêpe. Les deux travailleront côte à côte sans agressivité. – Photo pixabay.com
Pollinisatrice.
Lorsqu’elles repartent à la chasse aux insectes, elles s’arrêtent sur les fleurs afin de s’abreuver de nectar. Du même coup, elles participent à la pollinisation.
Saviez-vous ?
Certaines guêpes solitaires sont élevées comme auxiliaires pour être utilisées comme prédatrices dans certaines serres de production ainsi que dans les champs de culture des agriculteurs. Leur tâche : débarrasser les plantes des insectes nuisibles tout en participant à la pollinisation. Il est intéressant de souligner qu’elles travaillent sur des plantes qui n’intéressent pas les abeilles.
Remarquez les morceaux de jambon entre ses pattes. Les protéines sont nécessaires aux jeunes larves. – Photo : artsdatabanken.no
Les glucoses (sucre) sont nécessaire aux guêpes adultes. – Photo : lovethegarden.com (Shutterstock)
Des invitées indésirables.
Personne n’aime que son repas en plein air ou que son lieu de séjour soit envahi par les guêpes. Cependant, avec une bonne compréhension de ce qui motive chez elles un tel comportement, chacun peut apprendre à les respecter tout en évitant de se faire piquer.
À la fin de l’été, la reine cesse de pondre provoquant un réel déséquilibre dans le guêpier. Il y a alors beaucoup plus d’ouvrières que de larves. Un grand nombre d’entre elles se retrouvent sans travail et du même coup, elles sont privées du miellat qui leur est nécessaire pour vivre.
De plus, dans les environs du guêpier, les fleurs et leur nectar se font plus rares. L’expansion du nid est terminée. La plupart des guêpes sont maintenant « au chômage » et elles sont affamées. Elles cherchent aux alentours le sucre dont elles ont besoin ainsi que les protéines que réclament les larves encore au nid.
Si au cœur de l’été les mouches s’intéressent à nos lunchs, en ce tout début d’automne, ce sont les guêpes qui, avec insistance, convoitent nos repas, collations et breuvages.
Observez cette guêpe s’envolant avec un morceau de poisson. – Photo : Bernard de Go Mars wikipedia.org-CC BY-SA 4.0
Comment tenir les guêpes éloignées de votre repas ?
• Déposez la nourriture dans des récipients couverts et jetez rapidement les déchets de table dans une poubelle refermable et étanche.
• Autour de l’aire des repas, disposez des plantes répulsives comme la citronnelle, la lavande, le laurier-sauce, le basilic ou encore la menthe.
• Les guêpes n’aiment pas l’odeur des agrumes ni celle des concombres. Dans une ou deux assiettes disposées sur la table, déposez des tranches de citron ou de lime et des rondelles de concombre (avec leur pelure). Piquez-les de clous de girofle.
• Près du B.B.Q., versez du vinaigre dans un petit bol et placez-le non loin de la grille de cuisson.
• Pour les breuvages alcoolisés ou sucrés et pour les vinaigrettes, retournez un verre de carton sur le goulot ainsi que sur les verres à boire.
• Ne laissez pas le bol de nourriture de votre chien ou chat à l’extérieur.
• Après le repas, ramassez les bouteilles, cannettes et contenants de jus vides pour les déposer dans le bac de recyclage.
Un puissant répulsif à déposer sur la table du repas. – Photo : trucoteca.com
Surtout en automne, évitez de vous promener pieds nues sur les surfaces gazonnées. – Photo : ladnydom
Quoi faire pour éviter de se faire piquer par une guêpe ?
• Si une guêpe vous tourne autour où qu’elle se pose sur vous, évitez tout gestes brusque. Repoussez-la en douceur. Bougez lentement, comme si vous étiez dans un film tourné au ralenti. Ce sont les gestes d’affolement qui provoquent les piqûres.
• Évitez de porter des vêtements aux couleurs voyantes ou fluo. Pour une guêpe, il y a fort à parier qu’elles vous prendra pour une énorme fleur.
• Limitez les produits parfumés surtout à odeur florale ou très sucrée. Que ce soit le shampoing, le déodorant, la crème de corps, la protection solaire. Idem pour les produits masculins. Ils peuvent facilement utiliser des produits qu’on dit « tonifiants » avec un parfum d’agrumes.
• En début d’été, vérifiez régulièrement l’aire de jeux des enfants non seulement pour d’éventuels nids de guêpes à papier mais aussi, pour la présence des guêpes de terre dans les carrés de sable.
• Évitez de circuler pieds nus sur les surfaces gazonnées.
• Si vous cultivez des petits fruits tels que fraises, framboises, mûres, etc., ramassez les fruits tombés au sol et retirez ceux trop mûrs ou pourris.
• Il en va de même si vous possédez des arbres fruitiers.
• Si vous compostez à même le sol, couvrez les déchets en décomposition d’une bâche.
La présence des guêpes de terre sont à vérifier. Ce sont des guêpes sociales qui vivent en grosse colonie. – Photo : ladnydom
Anecdote :
Au tout début de ma carrière en horticulture, j’ai eu à travailler dans une grande pépinière de production. Avec d’autres collègues, nous étions responsables du nettoyage des îlots de rosiers. Nous en avions pour plus d’une semaine tellement il y en avait. Le son qui prévalait autour de nous était « Bzzzz ». Le bourdonnement était intense au point de dominer les chants d’oiseaux.
JAMAIS je n’ai été piquée. Avant de couper une rose fanée, il y avait un regard rapide jeté au cœur de la fleur. S’il était occupé, je passais à la fleur voisine. Comme la chaleur rendait ma peau moite, il n’était pas rare d’y voir atterrir un bourdon, une guêpe ou une abeille. Mais, c’était de courte durée, car chacune d’elles finissait par choisir une rose plutôt que ma personne. Je peux par expérience vous assurer que des déplacements et des gestes sans brusquerie vous épargneront la douleur des piqûres.
Un petit fruit trop mûr attire les guêpes. – Il en va de même pour les arbres fruitiers qui, quelquefois, ont à leur pied presqu’un tapis de fruits. Photo : frabre, pixabay.com
Un sirop sucré généreusement offert est un véritable festin. Remarquez qu’elles ne manifestent aucune agressivité à cette main tendue. – Photo : Claudia Wollesen, pixabay.com
La destruction d’un guêpier.
Ce projet est risqué et représente un sérieux danger. L’attaque d’un essaim de guêpes vous mène droit à l’hôpital et selon le nombre de piqûres, sachez que l’issue peut être fatale.
Il se vend des mousses à pulvériser sur les guêpiers. Même si vous découvrez un nid alors qu’il est petit, avant de tenter quoique ce soit, couvrez votre tête d’un filet de protection, enfiler un chandail épais et à manches longues de même qu’un pantalon épais qui vous couvre les jambes jusqu’aux chevilles. Portez des gants épais.
Les guêpes redoutent la noirceur et à la nuit tombée, elles sont toutes de retour dans le guêpier. C’est le bon moment pour pulvériser la mousse anti-guêpe. Vous pouvez asperger le nid deux fois plutôt qu’une. Mais, par prudence, surtout si le nid est gros, faites plutôt appel à un bon exterminateur. Ils ont l’équipement nécessaire et ils sont habitués à faire ce travail. Gardez les enfants (et le chien) auprès de vous dans la maison pour toute la durée de cette intervention.
Sachez aussi qu’un nid de guêpes ne sera jamais occupé deux fois. Si vous le découvrez à l’automne, attendez la fin novembre. Le froid aura mis à mort tous les membres de la colonie sauf les futures reines qui sont déjà cachées et en hibernation. Vous pourrez alors le détruire sans le moindre risque.
Une petite reine de guêpe Poliste. Son nid est ouvert et a la forme d’un parapluie Elle protège son nid des intempéries en s’installant dans les bâtiments. Très pacifique, elle est sans danger. Remarquez ses oeufs – Photo : Alvesgas- Wikipedia.org, CC BY-SA 3.0
La guêpe Poliste est plus petite que la guêpe jaune. Si vous vous tenez à distance et que vous ne menacez pas son nid, elle ne vous attaquera pas. Cette guêpe n’est pas agressive. Photo : microcox.pagesperso-orange.fr
À savoir :
Dans votre recherche de guêpiers, vous pourriez découvrir un autre type de nid de papier. Il appartient à la guêpe Poliste. Son nid ne dépasse pas la largeur d’une paume de main et abrite entre 15 et 200 insectes.
Ce petit guêpier ressemble à un parapluie ouvert et les cellules sont exposées à la vue. Cette guêpe est pacifique et n’attaquera que si vous vous en prenez à son nid. Très utiles, elles consomment une grande quantité d’insectes avec une préférence pour les chenilles.
Si ce petit nid ne se situe pas dans une zone de grande activité pourquoi ne le laisseriez-vous pas en place ?
Cette photo peut vous aider. – Photo : projetecolo.com
Conclusion.
La guêpe compte parmi les insectes les moins populaires. Pourtant, la crainte éprouvée n’est pas toujours justifiée. Il est vrai qu’elle pique, mais l’abeille aussi pique et vous pouvez être allergique à ces deux insectes. La peur éprouvée vis-à-vis de la guêpe est en grande partie due à l’ignorance généralisée du rôle important qu’elle joue dans l’environnement. Et puis, n’avons-nous pas toujours peur de ce que l’on ne connaît pas ?
Heureusement, l’importance du travail effectué par cet insecte est de plus en plus mis en lumière. Des études sérieuses confirment qu’un monde sans guêpes serait un monde avec davantage de pesticides et de produits chimiques. Ceux-ci sont extrêmement polluants et dommageables pour la santé de tous les êtres vivants.
La guêpe joue un rôle incroyablement important en tant que pollinisatrice, comme contrôleur des populations d’insectes nuisibles et en tant que protectrice des cultures.
Si vous souhaitez en apprendre un peu plus sur le sympathique bourdon, travailleur acharné et menacé lui aussi, voici le lien d’un article précédent :
https://jardinerencouleurs.com/2022/04/pollinisateurs/le-vol-printanier-des-bourdons/
Depuis plusieurs années nous sommes envahis par les coccinelles asiatiques. Elles couvrent les murs des maisons, s’infiltre à l’intérieur et dévorent nos coccinelles indigènes. Pourtant, elles ont un côté positif : elles dévorent de grandes quantité de pucerons.
https://jardinerencouleurs.com/2022/09/trucs-et-astuces/coccinelle-versus-cousine-asiatique/
Profitez bien de vos derniers repas en plein air !
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