L’été tirera très bientôt sa révérence. Au potager, le rythme de production a ralenti. De leur côté, les fines herbes ont offert toute leur saveur durant les beaux jours mais maintenant, leur parfum se fait plus discret, moins insistant.

Est-il possible de conserver ses fines herbes dans la maison durant l’hiver ?

Ce n’est pas chose facile, MAIS il est possible de leur faire traverser une grande partie de l’hiver. Voici quelques conseils qui vous aideront à préserver vos herbes aromatiques pour en tirer le meilleur parti.

Comment réussir à les conserver ?

Vous avez peut-être tenté l’expérience et vous êtes déçu. Ce ne sont pas vos talents de jardinier qui sont en cause. Dans une maison, surtout en hiver, les conditions d’humidité et d’ensoleillement ne sont pas optimales pour la culture de la plupart des aromatiques.

Mettre toutes les chances de votre côté.

Tout d’abord, sachez que ce ne sont pas toutes les variétés qui peuvent être cultivées à l’intérieur, car plusieurs d’entre elles sont des ‘annuelles’. Cela signifie qu’au moment où vous les rentrez, elles arrivent à la fin de leur cycle et elles mourront, quels que soient les soins apportés.

On doit tenir compte du fait que la plupart de ces plantes sont originaires de régions chaudes ou méditerranéennes. Certaines d’entre elles y vivent comme d’authentiques vivaces. Mais ici, sous notre climat, plusieurs perdent cette spécificité et se comportent en plantes annuelles.

Les variétés les plus faciles à cultiver en pot durant l’hiver :
Ciboulette, laurier-sauce, menthe, persil, romarin, stévia, thym (citron)

Luminosité.

Les fines herbes sont en majorité des plantes que l’on dit de jours longs, c’est-à-dire qu’elles demandent de 13 à 15 heures de lumière par jour. Durant l’hiver, nous avons des journées d’à peine 8 heures de clarté. De plus, ce sont des plantes qui ont besoin de chaleur, d’humidité et d’un minimum de 5 à 6 heures d’ensoleillement.

Une fenêtre située sud ou sud-ouest s’avère être l’idéal. Si vous n’avez pas un tel emplacement, vos plantes aromatiques nécessiteront un éclairage d’appoint durant toute la journée pour compenser la faible lumière. Ceux qui ont l’orientation sud ou ouest en auront également besoin dès la fin de l’après-midi à cause de nos journées courtes.

En jardinerie, en grandes surfaces ou en ligne vous trouverez soit des tubes fluorescents ou des ampoules DEL avec la mention Grow Light. Comparez les prix des différents détaillants afin d’éviter de trop investir. Si vous n’avez que quelques pots et que vous possédez une lampe sur pied ou suspendue capable de diffuser un faisceau lumineux assez large, servez-vous-en et remplacez votre ampoule standard par une DEL

À noter :
a) Ne donnez pas plus que 13 à 14 heures de lumière par jour, car les plantes ont également besoin d’une période de noirceur et de repos.
b) L’éclairage d’appoint suggéré plus haut est celui qui se rapproche le plus de la lumière naturelle.

Humidité ambiante.

Les fines herbes ont besoin d’une humidité d’au moins 50 %. Remplissez un grand plateau de billes d’argile et ajoutez l’eau.  Déposez-y vos pots en évitant que l’eau ne touche le fond de vos contenants. L’ajout durant l’hiver d’un petit humidificateur à proximité de vos plantes les aidera grandement.

Une température fraîche.

Maintenez une température fraîche dans la pièce, soit de 18°-19 °C (64° – 66 °F) le jour comme la nuit. Vous éviterez un air trop sec, des stress hydriques, l’étiolement et l’apparition d’intrus comme les pucerons, l’araignée rouge (tétranyque) ou la mouche blanche (aleurode).

Dans un précédent article j’ai publié plusieurs recettes d’insecticides naturels pour traiter vos plantes.  Voici le lien :

https://jardinerencouleurs.com/2023/03/plantes-dinterieur/insectes-hibiscus-aleurode-puceron-araignee-rouge-cochenille/?et_fb=1&PageSpeed=off

Installez vos contenants loin des calorifères, des sorties d’air chaud et de certains appareils comme le four, le lave-vaisselle, la sécheuse, etc.

Les plants qui sont rentrés de l’extérieur.

Si vous devez déterrer vos herbes aromatiques du jardin ou encore si elles sont dans de gros contenants, divisez les plants qui en ont besoin et rempotez-les dans des pots de 11 ou 15 cm (4,5 ou 6 po).

Pour les pots de 11 cm (4,5 po), rempotez 2 à 3 pots d’une même variété d’herbe. Lorsque vous prélèverez des tiges et feuilles dans un des contenants, les 2 autres continueront de croître et vous permettront de faire une rotation.

Vos nouveaux pots doivent être propres, désinfectés et munis de trous de drainage. Même chose pour vos outils qui doivent être nettoyés avant de travailler. Ne surchargez pas les nouveaux contenants afin de laisser de l’espace pour la croissance de la plante. Ne pas compacter le sol afin de permettre à l’air et à l’eau de bien circuler.

Nettoyez et taillez.

Le premier geste à poser avant de commencer vos rempotages est de procéder à une inspection méticuleuse des feuillages et des tiges afin de détecter les insectes ou leurs œufs et afin d’éviter qu’ils s’invitent dans la maison. Retirer les feuilles jaunes et les tiges abîmées.

Pour conserver parfums et saveurs, taillez au moment où la rosée du matin s’est évaporée laissant le feuillage sec et avant les chaleurs de la mi-journée. C’est durant ce court laps de temps que les huiles essentielles sont le plus concentrées de même qu’en fin d’après-midi, lorsque le soleil s’adoucit. 

Taillez vos plants assez courts, mais en laissant assez de feuillage pour permettre à la plante de faire de nouvelles pousses.

Quel terreau choisir ?

Utilisez le terreau réservé aux plantes tropicales ou encore le terreau MYKE pour plantes d’intérieur. Il apportera, grâce aux mycorhizes, des éléments nutritifs supplémentaires.

L’arrosage.

Au moment du rempotage votre terreau en sac contient déjà un bon taux d’humidité. Évitez de détremper le sol des nouveaux contenants. Par la suite, vous arroserez lorsque votre terre sera asséchée à 80 % tout en évitant la noyade. Arrosez le sol et évitez de mouiller le feuillage pour éviter l’apparition de moisissures et de maladies.

Acclimatez vos plantes.

En ce moment, l’écart des températures entre l’extérieur et l’intérieur de la maison est important. Afin d’éviter un choc thermique à vos plantes, placez-les pour 24 à 48 heures dans un endroit intermédiaire. Cela peut être le garage, une pièce fraîche au sous-sol ou à l’ombre dans un solarium ou une véranda. Cette transition diminuera de beaucoup les réactions de la plante.

Les variétés les plus faciles à cultiver :
Ciboulette, laurier-sauce, menthe, persil, romarin, stévia, thym (citron)

Basilic : le basilic vous demande de relever un défi. Il a besoin de chaleur et de lumière. Son sol doit rester frais et bien drainé en permanence. Saviez-vous qu’il ne supporte pas les chocs thermiques ?

Plutôt que de conserver tout l’hiver votre plant de basilic qui est à bout de souffle, vous pourriez démarrer de nouveaux plants à partir de semences. Toutefois, en fin de saison, évitez d’acheter vos sachets de graines dans les jardineries. Privées d’air climatisé, les serres surchauffent tout l’été et plusieurs produits comme les semences y perdent en qualité.

Méthodes faciles et efficaces pour conserver vos herbes fraîches.

Vous trouvez peut-être que le nombre de variétés à cultiver à l’intérieur est restreint. Je ne peux pas le nier. Cependant vous pouvez récupérer la presque totalité de vos aromates en utilisant des méthodes de conservation efficaces. Celles-ci vous permettront d’apprécier la pleine saveur des herbes de votre jardin durant tout l’hiver.

Plusieurs d’entre vous connaissez les méthodes simples que je vais détailler. J’apprécie leur simplicité et le fait qu’elles ne vous demandent pour ainsi dire aucune dépense.

Je ne détaillerai pas le séchage au four ou au micro-ondes. Le pourcentage d’humidité varie d’une plante à l’autre et la chaleur des fours est aussi variable. Fréquemment,   vous n’obtenez pas le résultat escompté.

Séchage à l’air libre : bouquets suspendus.

Dans une pièce sombre et chaude ( 20°, 21 °C), tendez une corde ou utilisez un tuteur en bambou, un manche à balais ou autres. Réunissez  6 à 8 belles tiges de votre plant. Retirez les feuilles du bas. Attachez-les ensemble avec un élastique puis fixez-les au support choisi. Ne pas trop coller les bouquets afin que l’air circule bien. Dix à quinze jours sont suffisants pour obtenir des feuilles craquantes qui s’émiettent facilement. Ne confectionnez pas de gros bouquets, car ils prendront trop de temps à sécher.

Pour conserver un maximum de saveur, placez les feuilles entières dans un bocal hermétique. Rangez vos contenants dans un endroit sombre, loin de toute source de chaleur. Les aromates se conserveront jusqu’à deux ans.

Les herbes qui conservent leur saveur avec la méthode du séchage à l’air libre :

Marjolaine, mélisse, menthe, origan, persil, romarin, sarriette, sauge, stévia, thym, verveine citronnelle.

Congélation : bacs à glaçons.

Après avoir haché vos herbes, vous remplissez les alvéoles de vos bacs à glaçons. Au choix, vous pouvez ajouter de l’eau ou de l’huile selon l’usage que vous comptez en faire. Quantité de liquide nécessaire : 15 ou 30 ml (1 ou 2 cas) d’eau ou d’huile selon la grosseur du compartiment.  Utilisez votre créativité en vous concoctant un petit mélange d’herbes à votre goût.

Placez les bacs au congélateur. Une fois les glaçons prêts, transférez-les dans un sac à congélateur ou un contenant hermétique. Identifiez et datez puis remettez au froid. Ils vous serviront pour les soupes, les potages, les sauces et autres…

Les herbes qui se congèlent :

Aneth, basilic, cerfeuil, ciboulette, coriandre, estragon, livèche, persil, stévia. Certaines plantes aromatiques acceptent les deux méthodes.

Huile et vinaigre aromatisés.

Les fines herbes peuvent parfumer les huiles et les vinaigres. Choisir une huile de qualité et à saveur douce afin d’éviter que les parfum de l’huile ne rivalisent avec ceux des herbes. Il y a entre autres l’huile de tournesol, l’huile de canola, l’huile d’avocat…

Insérer dans votre contenant  des tiges d’herbes comme l’estragon, l’origan, le persil ou autres. Vous pouvez également y ajouter quelques petites gousses d’ail et pour les estomacs solides, un petit piment fort. Créer vos huiles et vinaigres. Votre travail terminé, vos contenants doivent être rangés dans un endroit frais et sombre pour environ un mois, le temps que l’infusion se fasse.

Dès que le goût vous plaît, filtrez votre huile ou votre vinaigre à travers une étamine pour éliminer les herbes. Étant sans agents de conservation, votre création devrait être utilisée dans les six mois.

Pesto.

Selon votre recette, le pesto utilise plusieurs variétés d’aromates. Vous pouvez préparer votre pesto et le congeler.

Comme pour les fines herbes, utilisez vos bacs à glaçons. Lorsque les cubes sont bien durcis, démoulez votre pesto  et transférez-le dans des sacs à congélateur. Il se conserve entre 2 à 3 mois. Inscrivez la date sur votre contenant.

Quand doit-on rentrer les fines herbes qui sont à l’extérieur ?

Si les températures nocturnes sont inférieures à 13 °C (55 °F), plusieurs de vos fines herbes risquent d’en souffrir. Le basilic et l’aneth comptent parmi les plus fragiles. Il y aura encore de belles journées chaudes (été indien) à venir alors elles peuvent prolonger leur séjour à l’extérieur.

Par contre, couvrez vos plants à la toute fin de l’après-midi ou placez-les dans le garage, la remise à jardin ou sur une galerie protégée tout en appuyant vos contenants contre le mur de la maison.

Qu’elles sont les fines herbes les moins frileuses ?

Ciboulette, estragon français, laurier-sauce, mélisse officinale, menthe, origan, persil, romarin, sauge (dans les zones 5 b et plus) et le thym sont celles qui résistent le mieux aux nuits froides et peuvent supporter quelques gels légers.

L’arrosage des plantes qui séjournent à l’extérieur.

Ayez la main plus légère avec l’arrosage. Vos plantes boivent moins, la fraîcheur ralentit la transpiration et l’évaporation. Votre terreau demeure humide plus longtemps. Diminuez la quantité d’eau donnée et videz vos soucoupes si elles sont en pot.

Astuce : Arrosez vos pots par la base. En fin d’été, vos fines herbes ont acquis du volume et le cœur touffu de vos plants risque d’être encore humide en fin de journée. Ce sont des conditions idéales pour que s’installent moisissure et pourriture. Mettez plutôt l’eau dans une soucoupe assez profonde et, selon la grosseur de votre contenant, laissez le terreau boire sans qu’il devienne détrempé. Lorsque la motte est humide à 70 %, retirez l’eau. Par capillarité, un peu comme un essuie-tout, l’eau sera répartie dans le reste du contenant.
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Conclusion

Prolonger les saveurs de l’été dans la maison est sans doute un désir que partagent la plupart des jardiniers. Comme nous avons des étés très chauds, nous avons la possibilité de cultiver tout un éventail de plantes originaire de pays au climat beaucoup plus clément que le nôtre.

Ces plantes nous donnent le meilleur d’elle-même durant la belle saison. Cependant dès que nous ne sommes plus en mesure de répondre à leurs besoins, elles dépérissent.

Choisir de contourner les contraintes de notre climat en ‘cultivant’  dans la maison celles qui peuvent s’adapter le mieux à ces conditions et en  ‘conservant’ les plus fragiles vous permettront de relever le défi et de prolonger les saveurs de l’été.

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Prenez soin de vos plantes pour qu’elles prennent soin de vous.

Bon jardinage!